La sérendipité, pilier du Business Networking
REMARQUES LIMINAIRES
Lors de mon article 2/3 ( «les fondamentaux du business networking utilisés intuitivement»), j’écrivais en parlant de Nicolas « (…) Cette disposition d’esprit génère une notion fondamentale du business Networking », ce que j’appelle «La sérendipité heureuse (…) ».
Plusieurs personnes m’ont demandé un éclairage sur la sérendipité.
J’évoquais volontairement et pour des raisons pédagogiques, la « sérendipité heureuse » ce qui est un pléonasme. La sérendipité est intrinsèquement heureuse comme nous le verrons plus loin.
C’est donc avec bonheur que j’écris cet article tant c’est une notion à la fois fascinante et passionnante qui illustre et nourrit toute l’approche du Business Networking, le développement d’affaires par le réseau.
Solidement ancrée et intégrée dans la méthode AYNI-SIM © que Multivalente transmet à ses clients, son exploration et exploitation sont une source infinie de richesse.
MAIS COMMENÇONS PAR LE COMMENCEMENT
A l’origine, il s’agit d’un emprunt de l’anglais serendipity, « don de faire par hasard des découvertes fructueuses », un mot créé par Horace Walpole et qu’il avait tiré d’un conte oriental, Les Trois Princes de Serendip (1754), Serendip, une ancienne transcription anglaise de Sri Lanka, une terre bénie des dieux où la fortune semble être offerte à chacun…
Tout un programme !
Aujourd’hui Sérendipité originellement le fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique pertinente de façon inattendue, accidentelle, à la suite d’un concours de circonstances fortuit et par sagacité, très souvent dans le cadre d’une recherche concernant un autre sujet.
Alexander Fleming a découvert la pénicilline, en ayant la surprise de trouver, à son retour de vacances, dans une boite à culture qu’il avait oubliée, une forme de moisissure qui avait empêché le développement des bactéries…
Sur ce même thème, la légende veut qu’un berger qui avait oublié son fromage dans une grotte découvrit ce qui allait devenir le fameux roquefort…
Si on reste dans le domaine scientifique, la lithographie, le four à micro-ondes, la pénicilline, le Post-it, le Velcro, l’Aspirine, la pilule contraceptive, l’insuline, le Viagra, la pénicilline, des antihistaminiques et le vaccin antivariolique, le Scotchgard, le Teflon, le Velcro, le Nylon, le […] sont des découvertes qui relèvent de la sérendipité.
Ce n’est pas rien tout de même !
C’est pour ça qu’au sens large (depuis les années 2000), la sérendipité le fait de « trouver autre chose que ce que l’on cherchait », des idées originales et inattendues, des trouvailles. Exemples : le Coca Cola, la Tarte Tatin, les bêtises de Cambrai, le Sauternes, etc.
Dans le cadre d’une recherche d’informations sur Internet, la sérendipité est le fait de trouver, grâce aux liens hypertextes, une investigation, par mots-clés faite à partir de moteurs de recherches, des informations inattendues mais intéressantes, voire essentielles, bien qu’elles soient hors du sujet initial.
Le web est une source inépuisable de découvertes où la sérendipité peut s’exprimer pleinement dans cet environnement propice.
Si on veut faire un peu plus le tour du sujet, et histoire de « boucler la boucle » de ce premier chapitre, le contraire de la sérendipité est la zemblanité.
Etre sérendipien ou zemblanien ? Telle est la question.
La zemblanité pourrait se définir comme étant « la faculté de faire de façon systématique des découvertes malheureuses, malchanceuses, attendues et n’apportant rien de nouveau ».
La vie est passionnante et n’est pas un long fleuve tranquille…
Personnellement, pour avoir connu la sérendipité et aussi la zemblanité, je puis vous affirmer que la posture, les actions entreprises, le mouvement qu’on décide et qu’on choisit d’imprimer sont des facteurs déterminants.
Nous sommes aussi parfois, souvent, quelque part responsables de ce qui nous arrive …
LA SERENDIPITE, PILIER DU BUSINESS NETWORKING ET PLUS GENERALEMENT DU RESEAU
Nous y voilà !
La sérendipité, (ou zadigacité), c’est donc l’art de trouver sans chercher en usant de sagacité. La sérendipité combine donc le hasard et la sagacité.
Jean-Louis Swiners parle de zadigacité (autre terme pour parler de sérendipité) qu’il définit comme « la capacité à reconnaître intuitivement et immédiatement — et à exploiter rapidement et créativement — les conséquences potentielles heureuses et les opportunités offertes par un concours malheureux de circonstances (erreur, maladresse, négligence, incompétence, etc.) ».
Dans le cadre qui nous intéresse, je prendrai volontairement une certaine distance sur l’idée du « concours malheureux de circonstances » car, comme vous le verrez plus loin, dans le cadre du business networking, j’attache beaucoup d’importance à la posture pro-active et positive qui est un facteur essentiel de sérendipité – tout comme l’optimisme – permettant de devenir un créateur d’opportunité.
La sérendipité nous interroge sur le processus de découverte et d’innovation, à l’image de l’interview de Philippe Gabillet, Professeur à l’ESCP Europe, que je cite régulièrement dans mes missions :
L’erreur à ne pas commettre serait de penser que sérendipité et chance serait la même chose !
Pour moi la sérendipité – tout comme la chance – est une compétence qui se travaille, une posture particulière qui vous permet « d’ouvrir les chakra », pour non pas faire des découvertes scientifiques capitales (ce n’est pas mon sujet) mais, dans le cadre du business networking, pour se donner les moyens de faire des rencontres essentielles voire déterminantes, puis d’en faire quelque chose de pertinent.
La curiosité permet la sérendipité. « Je n’ai pas de talent particulier. Je suis passionnément curieux ».
Albert Einstein.
C’est la curiosité qui a fait qu’un jour, nous avons pris le TGV pour aller à Paris rencontrer une personne atypique, un ancien haut responsable de l’administration qui, fait rarissime, avait quitté son poste pour créer dans son garage (véridique) son entreprise.
Qui aurait pu nous dire que ce personnage haut en couleurs allait révolutionner notre activité ?
Rien, absolument rien nous incitait à faire ce déplacement !
C’est la curiosité, mais aussi l’intuition, une volonté d’aller vers l’inconnu, le parfum de l’aventure, le fait de ne rien avoir à perdre, la maîtrise d’un risque limité et acceptable (même si à cette époque la moindre dépense était un vrai risque), une approche effectuale ( « une approche entrepreneuriale fondée sur l’effectuation »).
Après ce coup de fil sibyllin reçu de je ne sais plus qui du style (j’ai une bonne mémoire pour les choses qui m’intéressent) : « vous devriez aller voir une personne atypique avec un caractère bien trempé qui fait un truc intéressant, mais bon il est à Fontainebleau, ce n’est pas simple… », nous aurions pu parfaitement « botter en touche », ne pas faire l’effort d’y aller.
La curiosité relève d’une réelle disposition d’esprit qui nous permet de regarder le monde différemment, de décentrer notre point de vue, de sortir du cadre, de se mettre en mouvement pour trouver le meilleur, pour découvrir une pépite enfouie, pour trouver un trésor …
Vous le comprendrez aisément dans mes propos, la sérendipité fait aussi appel à des ressentis, des émotions positives qui peuvent venir de l’enfance …
A la curiosité, on peut ajouter :
- la disponibilité et l’ouverture d’esprit,
- la capacité d’étonnement ou d’émerveillement,
- l’optimisme,
- le lâcher prise propice à la créativité…
La sérendipité implique donc, ce qui est plus intéressant, une forme de disponibilité intellectuelle, qui permet de tirer de riches enseignements d’une trouvaille inopinée, d’une erreur, d’un hasard malheureux ou heureux…
Ce qui compte le plus dans la sérendipité c’est plus le chemin et la posture que le résultat qui, finalement, n’en est que la conséquence !
Dans cette histoire entrepreneuriale, la sérendipité fut et reste avant tout une capacité cognitive à certes trouver ce que je ne cherchais pas, mais surtout à me projeter, à en comprendre à la fois l’intérêt, la valeur pour au final et très rapidement changer radicalement notre business model.
C’est entre autres grâce à cette ouverture d’esprit singulière qui a permis cette rencontre décisive que, 7 ans plus tard nous nous introduisions en Bourse…
Dans le cadre du Business Networking, l’enjeu est donc de favoriser les situations positives qui se matérialisent beaucoup par les rencontres.
La force du lien relationnel est déterminante.
Pourquoi certaines organisations sont-elles « plus chanceuses » que d’autres et comment acquièrent-elles cette compétence ?
Dans le cadre de la vie personnelle et professionnelle, et plus encore dans le développement d’affaires grâce au réseau, la sérendipité est avant tout une attitude d’esprit, un style de vie, une posture, combinant l’ouverture à l’expérience, curiosité, sagacité, résilience et « happenstance», synergie et mouvement.
Je ne peux parler de sérendipité sans évoquer la notion d’happenstance qui pourrait se résumer comme : l’art de se trouver au bon endroit, au bon moment !
Henri Cartier Bresson (1932 – GARE ST LAZARE) et Robert Capa, (1945 – OMAHA BEACH), deux mythes de l’histoire de la photographie illustrent parfaitement bien ce qu’est l’happenstance !
La sérendipité c’est la chance qu’on va chercher, c’est se mettre en mouvement et en condition pour devenir un créateur d’opportunités.
S’impliquer dans ce travail de « business networker » c’est être à la fois sérendipiteur et sérendipitiste …
Se mettre en mouvement pour créer des opportunités est une chose.
Savoir tirer profit de circonstances imprévues sans pour autant se laisser dominer par le hasard en est une autre.
C’est le propre d’un sérendipiteur ou d’une sérendipitrice !
Le portrait type du sérendipitiste serait, selon Pek van Andel (« Sérendipité ou l’art de faire des trouvailles », Automates intelligents, 1er février 2005) un observateur, curieux, facilement distrait, intuitif, judicieux, flexible, ayant le sens de l’humour mais étant difficilement gérable car il a un esprit indépendant et un comportement imprévisible. Il ne peut pas être encadré de façon autoritaire car sa motivation est intrinsèque ».
Ce portrait assez juste … et assez savoureux pour celles et ceux qui me connaissent !
Si la sérendipité est difficile voire impossible à commander, on peut créer les conditions propices à sa venue.
Dans le cadre du Business Networking, La Sérendipité nait le plus souvent de l‘échange avec les autres, de l’ouverture sur d’autres domaines, de la diversité, de la disponibilité d’esprit, encore une fois de la curiosité, du fait de s’intéresser aux autres, de rendre service, …
Cette posture conscientisée associée à la notion de préparation tout aussi présente sont essentielles.
« La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés » disait très justement Louis Pasteur..
CONCLUSION
La sérendipité, c’est la chance que l’on aborde comme une compétence qui se travaille.
« Je crois beaucoup en la chance : et je constate que plus je travaille plus la chance me sourit »,Thomas Jefferson.
Comment pouvez-vous être un créateur d’opportunités au sein de votre activité professionnelle ?
Que mettez-vous en place au sein de votre organisation pour favoriser la sérendipité?
Une des voies c’est, encore une fois, la force du lien relationnel et dans le cadre du business networking la notion de « don– contre don » un autre pilier du Networking, objet de mon prochain article ….